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Le bruit a-t-il un impact sur la vie marine ?
Posted by      09/13/2021 15:56:15    0 Comments
Le bruit a-t-il un impact sur la vie marine ?

Ce n'est un secret pour personne : l'Homme est responsable de la pollution qui dégrade les océans. Chaque année, ce sont 20 milliards de tonnes de déchets qui finissent au cœur de nos mers, composés à 75% de plastique.

Un des aspects méconnus de cette pollution est lié au bruit. Cargos, bateaux de pêches, yachts, navires de croisières... la mer et les océans sont désormais aussi fréquentés que les autoroutes et les grands axes routiers.

Un trafic intense qui cause de véritables nuisances sonores et a donc un impact sur la vie sous-marine.

bruit et vie marine

Quelles sont les conséquences du trafic maritime ?

Le bruit ambiant perturbe la vie sous-marine à différents niveaux :

  • les animaux sont contraints d'éviter les zones bruyantes et de se réfugier au large ;
  • la fuite de leurs proies complique leur survie ;
  • les cétacés sont perturbés par le masquage acoustique de leurs signaux de communication ;
  • ils peuvent être désorientés ;
  • ils éprouvent un stress chronique, au même titre que les humains (imaginez vivre en permanence au beau milieu d'un aéroport ou d'une zone de travaux....).

Cela va avoir des répercussions très concrètes sur leur santé et sur leur survie. Elles seront toutefois plus ou moins importantes selon le volume sonore, la durée d'exposition au bruit, ou les espèces concernées.

Citons notamment les retards de croissance, l'augmentation du rythme respiratoire, le changement des trajets migratoires, la diminution de la sensibilité auditive, ou encore les dommages physiologiques permanents  (lésions des organes auditifs, des poumons...) qui entraînent la mort de l'animal.

Pourtant, à l'heure actuelle, il n'existe aucune réglementation internationale contraignante à ce sujet. Mais heureusement, les choses commencent à bouger !

Toutes les espèces sont concernées

Pendant longtemps, les études sur l'impact du bruit sous-marin portaient essentiellement sur les cétacés et les poissons. En effet, ces derniers sont connus pour disposer d'un système auditif.

Mais les chercheurs ont fait récemment de stupéfiantes découvertes. En menant des expériences avec des sons artificiels, ils ont réalisés que toutes les espèces sont sensibles à la pollution sonore. Les crustacés et les céphalopodes ont immédiatement réagi... mais aussi les plantes sous-marines. Soumis à deux heures de nuisances par jour, les herbiers marins ont été physiquement dégradés en 5 jours à peine (source).

Les bonnes pratiques qui peuvent tout changer

Parce qu'il n'est pas possible de stopper le trafic maritime, c'est au niveau des sources d'émission du bruit qu'il faut agir.

Plusieurs solutions existent pour préserver la qualité de vie marine :

  • réduire la vitesse des navires de quelques nœuds ;
  • utiliser des hélices "nouvelle génération", moins bruyantes car elles empêchent la cavitation ;
  • isoler les moteurs pour réduire le bruit des machines (cela diminue la transmission des vibrations) ;
  • revoir le design et l'entretien des coques : la turbulence des flux va être réduite en changeant simplement la forme des coques ;
  • planifier les activités bruyantes pour préserver certaines zones ou périodes sensibles (ex : reproduction, mise bas...) ;
  • contrôler la présence des espèces sur les zones bruyantes et les éloigner le cas échéant. Par exemple, les pêcheurs peuvent utiliser des effaroucheurs acoustiques pour repousser les dauphins sans leur nuire... et sans faire fuir les poissons.

Au niveau politique, plutôt que de sanctionner l'excès de bruit, encourager les pratiques vertueuses produit de bons résultats. A Vancouver par exemple, les navires les plus silencieux sont récompensés par une baisse de leurs taxes portuaires.

En France, le Ministère de la transition écologique et solidaire a publié un guide complet qui contient de nombreuses préconisations pour limiter l'impact des émissions acoustiques en mer. La dimension pédagogique est en effet très importante : rien ne se fera sans la mobilisation de tous les acteurs de l'univers maritime.

Nous avons tout à gagner à modifier nos habitudes

Savez-vous que les pêcheurs constatent une baisse des prises de 40 à 80% lorsque des activités bruyantes ont été menées en mer ? (source)

En effet, comme le rappelle Cathy Cesarini, la présidente de l'association Cari (Cétacés Association Recherche Insulaire), les animaux sont capables de s'adapter. Lorsque leur environnement devient hostile, ils désertent la zone et s'éloignent toujours plus des côtes (source).

Agir en bonne intelligence avec la nature est donc profitable à tous !

L'avis de Mohamed de Ridphonic

Le "monde du silence", pour reprendre l'expression employée par le Commandant Cousteau, ne doit pas devenir tonitruant. La nature montre une formidable capacité d'adaptation aux activités humaines... mais nous devons tous apprendre à la respecter.

Un enjeu qui commence par un changement de fond : la mer ne doit être utilisée que pour l'essentiel. A partir de là, l'impact du bruit généré sera beaucoup plus acceptable pour la vie marine.

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