Et si on arrêtait de considérer le bruit comme une fatalité ? Car aujourd'hui, c'est la santé des Français qui est en danger : 1 personne sur 3 subit chaque jour des nuisances sonores.
L'Ademe (agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) a évalué cette année à plus de 147 milliards d'euros le coût social du bruit. Autant de dépenses qui pourraient être évitées, ou considérablement réduites, par la mise en place d'une politique de prévention efficace.
Ce sont surtout un grand nombre de vies qui pourraient être sauvées ou préservées. En effet, en présence d'un niveau sonore élevé ou de bruits récurrents, l'organisme souffre. Les chercheurs ont déjà évalué les conséquences du stress auditif sur notre corps et notre cerveau : problèmes d'audition, insomnies, fatigue chronique, défenses immunitaires affectées....
A titre d'exemple, Le Parisien a partagé récemment le témoignage d'un francilien victime d'un infarctus provoqué par une exposition prolongée aux bruits des transports en commun (source).
Diminuer le bruit, c'est améliorer la qualité de vie
Parmi les nombreuses inégalités contre lesquelles il convient de lutter, les nuisances sonores doivent devenir une priorité. Car elles nous impactent tous, sans que nous en ayons forcément conscience.
La situation est particulièrement dramatique en ville, mais aussi à proximité des autoroutes, des gares et des aéroports :
- Il y a des habitants qui ne peuvent même plus ouvrir leurs fenêtres (source);
- D'autres qui sont contraints de se rassembler en collectifs de riverains pour tenter de faire pression sur des organisations afin d'obtenir la mise en place de dispositifs anti-bruit.
Les exemples sont légion... mais les citadins se heurtent souvent à un manque de volonté ou de moyens des élus locaux.
Et bientôt, il n'y aura plus de refuges : en 2100, 84% de la population mondiale devrait résider en ville. Ce qui va avoir un effet ricochet. La pollution sonore sera plus intense au cœur des cités, mais elle s'étendra aussi à l'ensemble des zones urbaines (banlieues, petites villes). Elle affectera sans doute également les campagnes et les espaces ruraux.
Dans ce contexte, des chercheurs de Singapour ont imaginé l'année dernière un système antibruit qui se fixe sur les fenêtres. L'objectif est de créer un contre-bruit via un haut-parleur diffusant une onde sonore inverse. Les nuisances sonores extérieures pourraient ainsi être réduites de moitié.
Mais cette solution est-elle vraiment satisfaisante ? Rien ne dit que le cerveau ne continue pas à percevoir les sons, puisque l'oreille ne s'arrête jamais de travailler. Il existe d'ailleurs déjà d'autres alternatives plus pertinentes.
La sensibilité au bruit : un mal encore méconnu
Au-delà des gênes créées par un niveau de décibels excessifs, certaines personnes sont plus réceptives que d'autres aux désagréments sonores. Elles subissent alors une double peine lorsqu'elles se trouvent en présence d'un bruit important : déjà très réactives au son, elles auront beaucoup de mal à supporter des nuisances sonores excessives (ex : travaux, circulation routière...).
Il faut notamment savoir qu'une personne sur sept se déclare sensible au bruit. Elles vont donc avoir du mal à travailler dans un environnement bruyant, à se concentrer, mais aussi à s'endormir le soir.
De plus, pour 8% de la population, les sons les plus naturels ou jugés tolérables par l'entourage peuvent être une cause de souffrance. Ces personnes font de l'hyperacousie : une sorte d'hypersensibilité au bruit, qui peut aller jusqu'à provoquer une douleur physique. Il faut d'ailleurs savoir que 2/5 des patients présentant des acouphènes sont aussi concernés par l'hyperacousie.
Cette pathologie peut être considérablement atténuée par la mise en place de bruiteurs (des appareils auditifs adaptés), de séances de sophrologie ou de psychothérapie. La pire des choses serait de s'isoler et de se réfugier dans le silence. En effet, le cerveau va alors avoir tendance à croire qu'il y a une diminution de l'audition. Pour corriger la situation, il va alors augmenter la perception auditive... et l'hyperacousie va empirer.
Enfin, il existe aussi un trouble neuropsychique : la misophonie. Cette haine du son se focalise sur certains bruits spécifiques : la mastication, la respiration forte, les ronflements, les reniflements, les raclements de gorge, les petits cliquetis répétitifs... Des bruits qui peuvent sembler anecdotiques, mais qui vont générer un stress bien réel.
En cas de misophonie, il est vivement recommandé de consulter un audiologiste qui a déjà une expérience de cette pathologie.
L'avis de Mohamed Sylla de Rid'phonic
Les nuisances sonores sont présentes dans nos vies à 360°. On les subit chez soi, ensuite en se rendant à son lieu de travail, et enfin dans son environnement professionnel. Il est grand temps de faire du bruit une priorité de santé publique !
Les Français sont fatigués de ne plus avoir un endroit "safe" où reposer leurs oreilles. Le status quo leur tape sur le système... et c'est bien compréhensible ! L'amélioration de leur qualité de vie passe par la mise en place d'une politique de prévention massive concernant les enjeux liés au bruit.
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